les citations
patte [pat] n. f.
1.◆ Pièce d’étoffe quelconque, pouvant servir entre autres usages à épousseter ; chiffon, morceau de tissu.
1 « Elle se laissait faire comme ces épouvantails de pattes qu’on redresse dans un champ. » M. Zermatten, L’Été de la Saint-Martin, 1962, p. 96.
2 « Nombreux sont nos abonnés qui apprécient nos conseils et nous envoient des cadavres d’animaux à autopsier. […] Il est prudent d’envelopper le cadavre dans des “pattes” ou des chiffons propres, afin qu’ils absorbent les liquides qui pourraient s’écouler. » Le Sillon romand, 8 août 1969, p. 20.
3 « Un bon papa de la Landsturm* va à son avant-dernière inspection et s’aperçoit à l’ultime minute qu’il a perdu le pompon de son képi. / – Fais-m’en un, dit-il à sa femme, il y a assez de pattes qui traînent par le galetas*. » IttCons, 1970, p. 133.
4 « Bref, Ferder avait commencé par faire de la récupération de chiffons et de vieux métaux ; mais il n’avait pas tardé à laisser tomber le commerce “des pattes et de la ferraille”, comme il disait plus tard avec dédain, pour une trouvaille bien plus lucrative, l’échange des vieux objets contre des neufs. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 213.
5 « Et les femmes sadiques vous lavent le sexe avec une patte comme si c’était un ramonage. Le Docteur a dû leur passer un savon. » C. Bille dans M. Chappaz, Octobre 79, 1986, p. 55.
6 « Par exemple les filles, elles, fabriquaient des poupées en pattes, jouaient au magasin ou tricotaient pour elles. » F. Clément, Les Vaches enragées, 1993, p. 30.
(emploi fig.)
7 « Nos gérontologues actuels nous auraient scandalisés autant que des avorteurs. Faire échouer la vie, faire échouer la mort lorsque l’une et l’autre sont naturelles semblait mesquin et monstrueux. On s’accommodait du Docteur Delasoie. Il soupesait les pauvres malades. S’ils étaient vieux, il se tournait vers la famille. / – Avec de vieilles pattes, personne ne fera des habits neufs. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1965, p. 134.
(en particulier) Patte à poussière.
8 « C’était peut-être une excellente fille. Elle savait cuisiner, aimait suffisamment le plumeau et la patte à poussière pour en user quelquefois, montrait sur elle un goût sympathique de la propreté. » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 80-81.
9 « Comment peut-on être tendre en présentant essentiellement comme acteurs principaux des aspirateurs, cireuses, balais, pattes à poussière, pinceaux, poubelles, tondeuses à gazon, etc. ? E. y parvint pourtant et ce n’est pas là son seul mérite. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19 novembre 1982.
devenir patte loc. verb. Devenir mou et flasque comme un vieux chiffon.
10 « La mode serpillière a “contaminé” presque toutes les collections estivales […]. Tissage épais mais aéré et quand même léger, il est très agréable à porter. À laver avec ménagement, pour que le vêtement ne devienne pas “patte”, comme on dit en vaudois. » 24 heures, 14 juillet 1977, p. 22.
2.◆ Pièce d’étoffe servant à laver (en particulier la vaisselle), à essuyer une surface souillée ; torchon. ⇒ linge 2 ; panosse.
11 « Elle prend le verre devant moi, donne un bref coup de patte sur la table où trempait le pied du verre […]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 207.
12 « Le lendemain il [= le fromage] repose sur une planche où on le sale fortement. Ensuite il demeure huit à dix jours sur des rayons humides. Jusqu’en automne on le sale et le retourne quotidiennement. Le matin on saupoudre l’une des faces avec une poignée de sel qui se dissout jusqu’à l’après-midi. On essuie alors le fromage avec une patte, on le retourne et on sale l’autre côté. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 180-181.
(en particulier) Patte à relaver* ; (VS) patte à vaisselle.
13 « Le temps de la récession est terminé. La preuve ? Au Restaurant du Col-du-Torrent, à La Sage, on a décidé de changer la patte à vaisselle. » La Terreur (journal de carnaval, VS), éd. rouge, 1976, p. 5.
14 « Virginie, qui s’est toquée de tous les vachers de la ferme […], cherchait tous les moyens pour se rapprocher d’eux. Aussitôt que Damien, Jules, Célien ou Denis venaient sous la fenêtre de la cuisine annoncer le rituel “faire boire [les vaches]”, elle lâchait la patte à vaisselle ou la brosse à récurer et s’élançait dans l’escalier […]. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 72.
15 « Lorsque l’on hache du persil ou un autre ingrédient sur une planche, celle-ci a souvent tendance à glisser à chaque coup de hachoir. Pour que la planche ne bouge plus, placez une patte à relaver* humide dessous. Le tour est joué ! » 24 Cités, 22 novembre 1977, p. 26.
16 « Lorsque vous devez verser un liquide ou une purée bouillante dans un saladier ou tout autre récipient en verre, mettez sous celui-ci une patte à relaver* mouillée. Votre récipient ne sautera plus. » 24 Cités, 14 mars 1978, p. 20.
17 « Mais il n’y a plus de discrétion qui tienne lorsque vous avez du sirop plein les doigts – devant un public qui se marre de votre embarras tandis que Françoise escalade les gradins en catastrophe pour aller chercher une “patte à relaver*”. » Tribune de Genève, 28 juin 1978, p. 11.
(dans une comparaison)
18 « Tenez, cher Monsieur, pour changer, en ce moment, il tombe des “tatouillards” [= gros flocons de neige], des tout gros, lourdauds, baveux comme des “pattes à relaver*”, ils tombent pour s’effacer tout de suite sur le sol humide ; amis, avant, ils ont illuminé la nuit. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 171.
Il neige à pattes, il neige à gros flocons (FR).
Remarques. La lexie patte à relaver correspond à lavette en français de référence, mais ce mot désigne en Suisse romande un autre objet (v. lavette à la nomenclature).
3.◆ patte (à marmite) n. f. Pièce d’étoffe rembourrée permettant de saisir les ustensiles de cuisine sans se brûler. Patte à marmite matelassée assortie (publicité, Coopération, 30 juin 1977).
19 « Passe-moi les pattes ou je me brûle ! » Témoin âgé de 31 ans, NE Savagnier, 1981.
Commentaire. Premières attestations : 1531, pate ; 1550, patte ; 1829-32, patte à relaver (GuilleNeuch) ; 1924, patte à poussière ; v. Pier, PierSuppl. Dialectalisme ; type abondamment attesté dans les patois de l’est d’oïl, du domaine francoprovençal et de Provence (v. FEW ; ALF 281 ; ALLR 717 ; ALB 1524, 1579 ; ALFC 1059 ; ALJA 1223 ; ALLy 597-8). En français régional de France, le type est connu (avec de légères variations de sens) en Lorraine, dans toute la Franche-Comté, en Saône-et-Loire, en Savoie, dans le Lyonnais, la Loire, la Haute-Loire, l’Isère, l’Ardèche, les Hautes-Alpes et la Provence. La lexie patte à relaver se rencontre également en Franche-Comté, en Savoie et à Lyon. Avec le sens de “chiffon pour faire le papier”, patte a fait un court séjour dans la lexicographie non différentielle (de Stœr 1625 à Enc 1767 ; v. FEW). V. aussi DRF.
Bibliographie. Merle d’Aubigné 1790, p. 130 ; MolardLyon 1803 ; MichelLorraine 1807 ; DeveleyVaud 1808, n° 76 ; Dumaine 1810, p. 250 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824, n° 51 ; GuilleDial 1825, p. 36-37, 80, 82a ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; « autrefois ; Auvergne [local. critiquée par Miège] » Littré 1868 s.v. patte 14° ; BeauquierDoubs 1881 ; PuitspeluLyon 1894 ; OffnerGrenoble 1894 ; « Annecy » ConstDésSav 1902 ; CarrezHJura 1906 ; VachetLyon 1907 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 397b ; « patte à blaire, à cul, à moque “mouchoir” » RouxArgSold 1921 ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; Mâcon 1926 ; BoillotGrCombe 1929, p. 235 ; BrunMars 1931 ; « patte mouillée » PrajouxRoannais 1934 s.v. pagnote ; REW n° 6153 ; « très usité, indispensable » MiègeLyon 1937 ; BiseHBroye 1939, p. 305 ; DudanFranç3, p. 39 ; ZumthorGingolph 1957, p. 172 ; FEW 16, 608b-609a, *paita ; ZumthorGingolph 1962, p. 257 ; MeijerEnq 1962, p. 176 ; BorodinaChabag 1963, p. 475 (type patte d’aise) ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; GuiraudPop 1973, p. 95 ; BonnaudAuv 1976 ; EscoffStéph 1976, p. 367 ; SchüleListeLar 1978 ; RLiR 42 (1978), p. 179 ; Lar 1979 ; DoillonComtois 1980 ; « Suisse » PLi depuis 1980 ; ManteIzeron 1982 ; TuaillonVourey 1983 ; « très courant » GononPoncins 1984 ; « régional (Suisse) » GR 1985 ; GermiLucciGap 1985 ; « région. (surtout Lyonnais, Dauphiné, Alpes et Suisse) » TLF ; RézeauBibl 1986 ; « régionalisme inconscient ; très usuel » DurafHJura 1986 ; « très employé » GuichSavoy 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; « usuel » MartinPilat 1989 ; LanherLitLorraine 1990 ; DucMure 1990 ; « surtout SaôneL., sud de la Nièvre » TavBourg 1991 ; DromardFrComté 1991 ; « patte à relaver » DondaineMadProust 1991, p. 69 ; BlanchetProv 1991 ; ColinParlComt 1992 ; « usuel » VurpasMichelBeauj 1992 ; MazaMariac 1992 ; HeitlandNeuch 1993, p. 37 ; « région. (Suisse)˙ » NPR 1993 ; DuchetSFrComté 1993 ; GagnySavoie 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; FréchetMartVelay 1993 ; « usuel » BlancRouatVill 1993 ; Lengert 1994 ; « courant » Robez-Morez 1995 ; SalmonLyon 1995 ; « globalement connu » FréchetAnnonay 1995 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001 ; GR 2001.
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