seillon n. m.
![]() ![]() ◆ Petit seau en bois à bords évasés, muni d’une seule poignée constituée d’une ouverture
percée dans le prolongement d’une douve, utilisé comme récipient à diverses fins,
mais en particulier pour recueillir le lait de la traite (v. ci-dessous seillon à traire). ⇒ boille ; brante ; gerle ; seille ; seillot.
1 « Le Diable entre dans l’ître [= type de maison primitive alpestre]. Il trempe la tête
dans la chaudière et lape tout le lait. Puis il commence à dévorer les fromages qui
étaient à la pression dans les cercles. Il donne des coups de pied aux seillons. Il écrase du talon une musique* à bouche. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 119.
2 « La Marquise m’en a fait un crouille* [en parlant d’un veau] qui ne veut pas boire son lait. J’ai beau lui mettre le doigt
dans la bouche, lui garder la tête dans le seillon, cette rosse de bête […] m’asperge à chaque coup. » IttCons, 1970, p. 52.
3 « Celui qui pénètre dans une étable de montagne au point du jour, à l’heure de la traite,
découvre un spectacle insolite. La silhouette des bêtes se fond dans la pénombre.
L’on perçoit seulement le sifflement du jet de lait dans le seillon et, de temps à autre, l’appel impatient d’un vacher qui réprimande une bête nerveuse.
On distingue mal les hommes dans cette grisaille. Mais parfois l’un d’eux se déplace
ou bien, traînant les pieds dans ses bottes, s’achemine vers la cuisine pour vider
son seillon dans la chaudière maintenue au-dessus d’un léger feu. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 171.
4 « Mais, à douze ans, déjà nous savions nous occuper de notre linge, de nos tabliers,
de nos chemises. On les mettait dans un seillon avec un peu d’eau chaude, du savon, et on allait les laver et les rincer à la fontaine,
même en hiver. » C. Bille, Deux passions, 1979, p. 109.
5 « “Chut !” susurrait grand-mère dès qu’elle entendait la musique des jets de lait ricochant
sur le bois du seillon. » BourquinPays, 1985, p. 48.
6 « Récoltez un seillon de dents-de-lion. Lavez-les soigneusement, à plusieurs eaux, et bouillissez-les [= faites-les
bouillir] dans de l’eau salée, environ 5 minutes. » RecettesNeuch, 1993, p. 22.
◇ Seillon à traire.
7 « Aloïs entre en trombe, le seillon à traire dans ses mains graisseuses et sales. » A.-L. Chappuis, La Moisson sans grain, 1961, p. 20 (1re éd. 1955).
8 « Pour traire, on utilise toujours le seillon à traire, sorte de seau circulaire à bords évasés, qui s’empoigne par une ouverture percée
dans le prolongement d’une douve. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 164.
◇ (par ext.) Petit récipient.
10 « Ils versèrent dans leur café noir le contenu des petits seillons : de la crème battue, qu’une patronne énervée leur apporta en coup de vent. Cela
forma de petits icebergs qu’ils immergèrent d’une cuillère calme. » J. Fonjallaz, Le Chemin des vignes, 1973, p. 58.
Remarques. Vieilli mais encore connu et usité.
Commentaire. Premières attestations en SR : 1374 (salion, v. PierSuppl), 1396 (seillon, v. Pier) ; attesté régulièrement depuis le moyen âge. Dér. de seille, suff. à valeur diminutive ‑on. Type relevé à quelques reprises en moyen français (v. FEW, où les mat. de Pier manquent), attesté dans de nombreux parlers dialectaux galloromans (ibid.) ; il refait surface en français de référence au xxe siècle, d’abord sans marque, puis comme terme « vx » ou « région. ». De nos jours, il ne semble vraiment vivant qu’en français régional de SR, de Savoie et du Val d’Aoste. — Représentation du mot dans la lexicographie
générale : “petit baquet peu profond, dont on se sert pendant les soutirages pour recueillir le
vin qui s’égoutte du robinet ; vaisseau de bois à anse, dans lequel on transporte
des prairies à la ferme le lait provenant de la traite des vaches” Lar 1904, 1933 (sans marque rég.) ; “baquet peu profond pour recueillir le vin qui s’égoutte, au soutirage” Rob 1963 s.v. seille ; “petit baquet peu profond, dont on se sert pendant les soutirages pour recueillir le
vin qui s’égoutte du robinet” Lar 1964 (sans marque rég.) ; “(région.) baquet peu profond pour recueillir le vin qui s’égoutte, au soutirage ;
seille pour le transport du lait” PR 1967 ; “récipient de bois muni d’une anse qui sert à transporter à la ferme le lait que l’on
vient de traire” GLLF 1977 (sans marque rég.) ; “(région.) baquet peu profond pour recueillir le vin qui s’égoutte, au soutirage” PR 1977, 1984 ; “petit baquet peu profond (vx)” PLi depuis 1980 ; “seille utilisée pour transporter le lait ; (régional. romand) seau à traire” Alpha 1982 ; “(région.) baquet peu profond pour recueillir le vin qui s’égoutte, au soutirage ;
seille pour le transport du lait” GR 1985, 2001 ; “ustensile en bois à une anse, servant à recevoir le lait que l’on trait ; petit baquet
peu profond dont on se sert pendant les soutirages pour recueillir le vin qui s’égoutte
du robinet” TLF s.v. seille ; “(vx ou région.) baquet peu profond pour recueillir le vin qui s’égoutte, au soutirage” NPR 1993.
Bibliographie. Bibliographie régionale : « dans le canton de Vaud et en Languedoc » HumbGen 1852 s.v. seillot ; “(dimin. de seille) petite seille, baquet ; part. petite seille profonde, n’ayant qu’une oreille” GrangFrib 1864 ; “diminutif de seille, petite seille, baquet” BonNeuch 1867 ; “petit seau” Gdf 7, 365a ; “petit seau en bois” ConstDésSav 1902, p. 369a ; “sorte de seau à une seule poignée formée par le prolongement d’une douve ; il sert
à puiser l’eau et principalement la vendange ; seillon à traire sorte de seau en bois, très étroit à sa base et très évasé par le haut, avec une
poignée formée d’une douve plus haute et plus large que les autres et percée d’une
ouverture pour y passer la main” OdinBlonay 1910, p. 525b ; Pier, PierSuppl ; MüllerMarécottes 1961, p. 162 ; FEW 11, 666a, sĬtŬla I ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; « VS Finhaut, Haute-Savoie, Val d’Aoste “seau en bois, baquet” » BessatGMtBlanc 1991 ; “seau (en particulier pour traire ou pour abreuver le bétail), petit cuvier en bois avec anse” GagnySavoie 1993.
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