bacouni, bacougni n. m.
◆ Batelier d’une barque de transport de matériaux sur le lac Léman.
1 « Les voiles blanches ou ocre dites voiles latines des barques de transport des matériaux
(sables du Rhône et pierre de Meillerie, dont des quartiers entiers de Lausanne et
Genève sont construits) ont disparu et avec elles les “bacounis” au torse nu, tout ambrés de soleil, qui les déchargeaient avec fracas dans des nuages
de poussière. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 3 avril 1975.
2 « Lorsqu’il y avait encore les grandes barques à voiles latines, elles circulaient en
hiver aussi. Par temps calme, lorsqu’elles allaient lentement, je me souviens que,
gamins, nous allions les regarder passer au large d’Ouchy. Et s’il y avait un petit
air soufflant contre nous, nous nous amusions à deviner ce que les bacougnis mijotaient pour leur repas. » Tribune de Genève, 15 février 1982, p. 32.
3 « Partis il y a quinze jours, nos “bacounis” modernes étaient hier au Château de Chillon, où ils ont livré une tonne de tuiles
à l’ancienne. Le périple s’achève dimanche à Évian. […] Partis de Meillerie, ils ont
visité Vevey, Morges, Rolles, Evian, La Tour, Villeneuve, livrant sel de Bex, farine
de Rivaz, pierres, ânes, vin et fromages de L’Etivaz – comme c’était l’usage du 17e siècle jusqu’en 1950, avant que les barques ne soient remplacées par la route et
le train. » La Presse, 5 août 1995, p. 5.
Remarques. Mot souvenir.
Commentaire. Première attestation : 1852. Dialectalisme d’origine obscure, peut-être en rapport
avec ancien occ. bacon “bac” (Levy > GPSR). Le suffixe ‑i correspond, dans les patois lémaniques de l’ouest comme celui de Genève, au fr. ‑ier. Connu également en Savoie (selon GPSR, qui omet de citer sa source ; ConstDésSav
ne l’atteste que pour le patois genevois). Au début du siècle, il semble plaire particulièrement
à plusieurs auteurs, parmi lesquels C.-F. Ramuz, Ph. Monnier et G. de Pourtalès, qui
l’emploient volontiers. — Si le rattachement à la famille de bac est avéré, serait à ajouter à FEW 1, 198a, bacca II 3.
Bibliographie. HumbGen 1852 ; ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909, p. 65 ; GPSR 2, 184b ; Pid 1983,
1984.
Pierre KNECHT
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