blètse [blɛts] 🔊 n. m., bletz (var. 〈Canton de Vaud〉 biètse [bjɛts] 🔊 ; 〈BE-JU〉 plètse [plɛts] 🔊, pletz)
1.◆ Morceau de tissu, de cuir ou de caoutchouc pour rapiécer ; sparadrap, pansement. Mettre un blètse à une chambre à air ; coudre un blètse sur un pantalon. ⇒ tacon.
2.◆ Petite rondelle de plastique pour couvrir les numéros, au loto.
1 « Avant le début du loto, certains ont fait commerce en vendant des supports pour les
cartons et des “bletzes” en plastique pour couvrir les numéros. Toute passion est bonne à exploiter. » La Liberté, 6 septembre 1985.
3.◆ Coupure, entaille, blessure, éraflure. Se faire un blètse au genou.
2 « Les passants affolés me ramassèrent et me transportèrent au Romand [un café de Fribourg],
où l’on diagnostiqua quelque bletz à la figure et au genou, mais rien de grave […]. » Cl. Cotting, Un Bolze raconte ses souvenirs, 1977, p. 29.
Remarques. Même si les attestations écrites sont peu nombreuses, ce mot est assez fréquent dans
l’usage oral pour désigner la pièce servant à la réparation de divers objets, plus
particulièrement des chambres à air de pneus de bicyclettes (cf. français de référence rustine). — Voillat 1971 donne aussi des formes à préfixe re- (rblèts, rplèts). — Cf. encore les dér. blétser v. tr. “rapiécer ou soigner à l’aide d’un blètse” (v. Pier, GPSR, IttCons), biétser, plétser (et leurs correspondants préfixés reblétser, rebiétser, replétser, de même sens) : « Je n’y viendrais [en parlant d’un hôpital] que pour mourir ou tout au plus pour “bletzer” une fracture toute simple » (La Liberté, 25 mars 1994, p. 35) ; « le père Bosson qui rebletzait nos godasses » (Cl. Cotting, Un Bolze raconte ses souvenirs, 1977, p. 16) ; « Ça saignait un peu partout et on me rebletza avec quelques bouts de sparadrap. » (ibid., p. 24).
Commentaire. Première attestation : 1850 (v. Pier). Du suissal. Blätz ou Plätz n. m., auquel les sens romands ont été empruntés (v. Tappolet, Pier). Ce mot, dont l’usage
est confiné à l’oral, se distingue par une grande variété de formes. L’alternance
sourde / sonore à l’initiale est normale dans le cas d’un germanisme ; quant à la
réalisation b + yod, elle reflète une adaptation à la phonétique patoise du mot alémanique, passée
ensuite en français régional. — Type aussi relevé en français régional de Pontarlier (Doubs).
Bibliographie. « bletz » BonNeuch 1867 ; SchwId 5, 264-274 ; WisslerVolk 1909 ; TappoletAlem s.v. Bletz ; Pier ; « bletz, bletzer » CollinetPontarlier 1925 ; GPSR 2, 427ab s.v. blyèts et 427b s.v. blyètsi̩ ; FEW 15, I, 151b-152a, blätz 1 ; « bletzer » IttCons 1970 ; Voillat 1971, p. 237 ; DudenSchweiz 1989 ; « bletser » OffScrabble 1995 ; « bletse, bletz » PLi 1998.
Gisèle BOERI
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