les citations
cramias [kʀɑmjɑ] 🔊 n. m. pl. (cramiats)
◆ Pissenlits. Aller ramasser des cramias, aller aux cramias ; salade de cramias.
1 « Chaque printemps, il court les bois et les finages*. Il rapporte un bouquet de perce-neige, de jonquilles ou des scilles bleues, parfois un plein cornet* de cramias. » ChapuisBonfol 1985, p. 21.
2 « Si tu veux dix sous, va d’abord me remplir une cratte* [en italique dans le texte] de cramiats [en italique dans le texte] dans les champs. » BourquinPays 1985, p. 107.
3 « Des champs trop engraissés : y’a plus qu’des cramias qui poussent. » Femme âgée de 25 ans, 5 mai 1994 (JU Delémont).
(plais.) Manger les cramias par la racine, être mort (ChapuisMots, p. 42).
Localisation. Canton de Berne (Jura Sud), Canton du Jura (Jura Nord). Dans le reste de la Suisse romande, on dit plutôt dents de lion (donné sans marque rég. par TLF s.v. dent et par GLLF 1972 et GR 1985 s.v. dent-de-lion).
Remarques. Ce régionalisme conscient, très usuel, est surtout employé pour désigner les feuilles, la fleur étant plutôt appelée pissenlit. — Dans la partie francoprovençale de la Suisse romande, le type correspondant étymologiquement à cramias est cremaclet (GPSR 4, 521a), à côté des simples cremacle, commacle et var. (ibid., 519a-521a), qui correspondent pour leur part à krāmèy dans les patois jurassiens (v. ci-dessous) ; en français régional contemporain, ce type n’est plus attesté, mais on en relève encore des représentants à Genève et à Fribourg au xixe s. ; v. aussi Pier pour des att. plus anciennes dans GE, FR, NE et BE.
Commentaire. Première attestation : 1751 (Recueil de remèdes, Crémine, p. 56 du manuscrit). Dialectalisme : les patois jurassiens connaissent le type kramya̩ (v. ALF, ALFC), forme syncopée du type krameya̩ (ibid.) attesté dans le Doubs ; cf. encore français régional cramaillot, crameillot, etc. (v. bibliographie). Dérivé (suff. ‑ittum > patois jurassiens ‑ata) du type krāmèy (ALFC ; v. encore VatréAjoie s.v. crâmâye), attesté à date ancienne sur une grande partie du territoire galloroman, et qui a en outre donné lieu à mfr. frm. crémaillère (suff. ‑aria). Désignation métaphorique d’après la forme dentelée des feuilles, évoquant de nombreux types de crémaillères (la même métaphore s’est appliquée à d’autres plantes, cf. par ex. norm. herbe à la crémillière “ivraie”, frm. crémaillère “cuscute”, etc. ; v. FEW).
Bibliographie. HumbGen 1852 s.v. comâcle ; GrangFrib 1864 s.v. coumacliou ; ALF 349, 1022 ; H. Schurter, Die Ausdrücke für den “Löwenzahn” im Galloromanischen, Halle, 1921, p. 58-59 ; Pier, PierSuppl s.v. comacle ; FEW 2, 1314b, kremaster I 2 ; VatréAjoie ; GPSR 4, 519a-521a s.v. cremacle et 521a s.v. cremaclet ; ALFC q. 539, 934 ; Pid 84 ; BourquinPays 1985 ; ChapuisMots 1988 ; DromardFrComt 1991 ; ColinParlComt 1992.
Simone QUENET
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