lavette n. f.
◆ Petit carré de tissu éponge servant à la toilette. Se rafraîchir le visage avec une lavette fraîche. Se mettre une lavette froide sur
le front pour soulager la fièvre. Lavette éponge, en tissu éponge ; lavette à jeter, en cellulose. ⇒ linge.
1 « Êtendus sur le dallage humide, on s’abandonnait au baigneur qui nous travaillait le
corps au savon de sable, tirait de sa lavette gonflée comme vessie de gros paquets de mousse, et pétrissait nos jointures avec
ses pieds et ses mains. » N. Bouvier, L’Usage du monde, 1963, p. 259.
2 « Il se penche et presse sur mon front une lavette mouillée, il m’embrasse et me fait boire un gros thé maladroit trop sucré et trop
noir, il touche mes cheveux, mon cou, il a l’air perdu, comme s’il se trouvait devant
un cadavre, ses doigts courent lourdement sur mon visage, il veut me faire boire et
relever ma nuque… » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 116.
3 « Tout autant que les essuie-mains en tissus [sic], les lavettes qui restent suspendues humides constituent un sérieux bouillon de culture pour les
germes. C’est pourquoi S. nous propose, en emballage de 30 pièces, des LAVETTES À JETER formées de six couches de cellulose. » Trente jours, avril 1978, p. 62.
4 « Je ne quitte pas Corinna. Il y a un moment vers les 19h. où les gardes viennent, refont
le lit. J’ai toujours changé la lavette qui lui rafraîchit le front. L’angoisse montait en moi devant ses mains, ses bras
qui se glaçaient. » M. Chappaz, Octobre 79, 1986, p. 106.
↪ V. encore s.v. chambre 2.
Remarques. La lavette correspond, dans sa fonction, au gant de toilette ; ce dernier, bien que
plus rare, existe aussi en Suisse romande : on a relevé, dans des annonces parues
dans la presse, les hapax gant lavette (Construire, 30 mai 1978) et lavette-gant (Coopération, 7 octobre 1976 > TLF). Toutefois, dans l’usage courant, le gant de toilette est lui
aussi appelé lavette. — Au Québec, le carré de tissu éponge servant à la toilette est appelé débarbouillette (DFPlus 1988 ; DQA 1992). — Le mot lavette désigne, en français de référence, un petit morceau de linge servant aux travaux ménagers de lavage ou, plus rarement,
une brosse pour laver la vaisselle (v. par ex. NPR 1993 ; ⇒ patte). — Le sens fig. du fr. “homme mou, veule” est également en usage en SR.
Commentaire. Première attestation : 1949 (M. Bossard dans FEW), mais probablement plus ancien (connu
dès l’enfance par un témoin fribourgeois né en 1922) ; première attestation littéraire :
1953 (« Béat […] rentra assez mécontent dans sa chambre où une lavette séchait sur une ficelle tendue à la fenêtre […]. » C. Colomb, Les Esprits de la terre, p. 122). Emploi non attesté à date ancienne ; dér. de laver, suff. ‑ette. Le concept de “petit morceau de linge servant aux travaux ménagers de lavage” étant déjà exprimé en Suisse romande par patte (v. ce mot à la nomenclature), la forme lavette était disponible pour désigner un autre référent. En français régional de France, lavette désigne aussi le gant de toilette à Besançon (Dromard), en Velay et dans l’Ardèche
– toutes des régions qui, comme la Suisse romande, connaissent l’emploi de patte pour désigner un chiffon ; v. encore DRF. En outre, la loc. verb. sentir la lavette “sentir bon” a été relevée dans la Haute-Vienne (comm. pers., France Lagueunière, 1996).
Bibliographie. FEW 5, 215b, lavare I ; MeijerEnq 1962, p. 174 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ;
PLi depuis 1980 ; TLF ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; DromardFrComt 1991 ; NPR 1993 ; « attesté à partir de 20 ans, inconnu au-dessous » FréchetMartVelay 1993 ; Lengert 1994 ; « globalement attesté » FréchetAnnonnay 1995 (où les renvois à Genève 1852 et à la Belgique sont dus à de
mauvaises interprétations des sources) ; DRF 2001 ; GR 2001.
Gisèle BOERI
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