Réduit national n. m. (parfois écrit avec une minuscule)
◆ (t. de stratégie milit.) Zones difficiles d’accès, dans les Alpes suisses, où des forteresses souterraines
ont été construites, et où la résistance armée se retrancherait en cas d’invasion
militaire du Plateau suisse.
★ Le terme s’emploie presque exclusivement en référence à la Seconde guerre mondiale.
La stratégie du Réduit national.
1 « Ce n’est un secret pour personne et même pas un secret militaire : le fort de Dailly-Savatan
est l’un des plus grands de Suisse. Il fait partie du réduit national. » F. Clément, Les Vaches enragées, 1993, p. 136.
2 « L’encerclement qu’elle subit depuis que la France s’est effondrée en mai 1940 soumet
les nerfs de la population à rude épreuve. L’incertitude est encore augmentée par
le flou entretenu par la stratégie du Réduit national chère au général Guisan : en cas d’aggravation du conflit, quel sera le sort des
populations du Plateau et du Jura, puisque l’essentiel pour les uns, voire la totalité
pour les autres, de l’effort militaire portera sur la défense symbolique de glorieux
rochers dépeuplés et de cimes sublimes enneigées ? » Le Nouveau Quotidien, 6 juin 1994, p. 3.
↪ V. encore s.v. Röstigraben.
◇ (emploi fig. anecdotique plaisant)
3 « La commune du demi-canton* de Nidwald est entourée de murailles de pierre, couvertes de forêt. Un vrai réduit national. C’est justement là que la Cedra (Coopérative pour l’entreposage des déchets radioactifs)
a choisi d’enfouir les déchets faiblement ou moyennement radioactifs. » Le Nouveau Quotidien, 18 mai 1994, p. 13.
Commentaire. Le 12 juillet 1940, le Général Henri Guisan, commandant en chef de l’Armée suisse,
ordonna la création d’un dispositif de défense du territoire comportant un dernier
carré et dénommé “Réduit national” : « […] la défense du territoire s’organisera suivant un principe nouveau, celui de l’échelonnement
en profondeur […]. Les trois échelons de résistance seront : les troupes frontière
[…] ; une position avancée ou de couverture […] ; une position des Alpes ou Réduit national qui sera flanqué à l’est, à l’ouest et au sud, par les forteresses englobées de Sargans,
de St-Maurice et du Gothard. » (Site Internet du Lycée cantonal de Porrentruy [JU], Documents sur l’histoire suisse).
Emploi spécialisé du sens de “partie d’un pays ou d’un théâtre d’opérations dans laquelle on envisage de mener le
dernier combat et qu’on aménage à cette fin”, qui appartient au français de référence (v. TLF), mais qui manque à FEW 10, 183b, reducere I 5. Le mot français a été emprunté par l’all. de Suisse ; cf. PledariGrond 1993, qui donne (sans définition) « [all.] Reduit (mil.) [romanche] reduit ». Selon DudenSchweiz 1989 (qui malheureusement ne fournit pas non plus de définition),
le mot garde l’accent aigu de la graphie française en all. de Suisse.
Bibliographie. Nic 1990.
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